Nous parlerons aujourd'hui de maillots distinctifs, et plus précisément des maillots de meilleurs grimpeurs. Le plus célèbre est bien entendu le Grand Prix de la Montagne du Tour de France, récompensé par le maillot blanc à pois rouges. Cette tunique est devenue l'un des symboles du sport cycliste ; même un non-initié sait ce qu'elle représente.
Le porteur du maillot à pois a toujours bénéficié d'une grande popularité. Si le maillot jaune est pris en grip par le public, ses encouragements se reportent naturellement vers le porteur des pois. L'attrait de cette distinction s'est construite sur un imaginaire romantique : les sauvages massifs alpins, les chevauchées solitaires de Van Impe, Herrera ou Virenque, le cyclisme d'attaque décidé à renverser l'ordre établi (symbolisé par le maillot jaune).
Malgré cette popularité, la conquête des maillots de la montagne semble avoir perdu de son attrait ces dernières années (au Tour de France comme sur les autres courses). En effet, elle ne semble plus constituer un véritable objectif pour les cadors du peloton, ceux-ci préférant assurer une place d'honneur au classement général. Selon les barèmes (qui changent régulièrement), le maillot à pois échoit ainsi souvent sur 2 types de coureurs :
- des coursiers de second plan qui engrangent des points en se glissant dans des échappées sur les étapes de montagne (ex : Anthony Charteau en 2010). On parle alors d'une tunique dévalorisée, puisqu'elle ne récompense pas les grands as des sommets,
- des leaders qui « par accident » accèdent au maillot à pois alors qu'ils se focalisent uniquement sur le classement général (ex : Christopher Froome en 2015).
D'une manière générale, un maillot de meilleur grimpeur est un objectif qui apparaît souvent « en cours de route ». Ce sont les faits de course sur les premières étapes accidentées (présence dans une échappée, bonne place sur une arrivée au sommet, temps perdu au classement général,...) qui vont amener un petit groupe de coureurs à s'y intéresser.
Pour autant, ces maillots distinctifs peuvent avoir une vraie valeur aux yeux de certains coureurs ou de certaines équipes ; on ne peut les réduire à de simples lots de consolation. Outre le fait d'apporter une visibilité bienvenue, ils sont sources de primes financières versées par les organisateurs.
Super Prix de la Montagne
Le guidon souhaiterait mettre à l'honneur les coureurs qui s'investissent dans la conquête de ces grands prix de la montagne, à travers un classement (le « Super Prix de la Montagne ») portant sur les différentes courses à étape du calendrier. Pour chaque épreuve, les 10 premiers du classement de la montagne remportent ainsi les points suivants, en fonction de la valeur de la course :
- Catégorie 2.1 (Etoile de Bessèges, Tour du Haut-Var,...) : 20-10-9-8-7-6-5-4-3-2 pts
- Catégorie 2.HC (Critérium international, 4 Jours de Dunkerque,...) : 30-15-13-11-9-7-6-5-4-3 pts
- World Tour 1 semaine (Paris-Nice, Critérium du Dauphiné,...) : 40-20-18-16-14-12-10-8-6-4 pts
- Grand Tour (France, Italie, Espagne) : 60-30-27-24-21-18-15-12-9-6 pts
Appliqué au début de saison 2016, ce barème permet d'obtenir le classement suivant :
Classement début 2016 (arrêté au 2 mai)
1) Thomas De Gendt (Lotto - Soudal / Belgique) - 66 pts
-1er au Tour de Catalogne
-3e à Paris-Nice
-8e au Tour Down Under
2) Rémy Di Gregorio (Delko - Marseille / France) - 57 pts
-1er au Critérium international
-1er au Tour La Provence
-6e au Tour de Turquie
3) Antoine Duchesne (Direct Energie / Canada) - 50 pts
-1er à Paris-Nice
-2e au Tour du Haut-Var
4) Sander Armée (Lotto - Soudal / Belgique) - 48 pts
-1er au Tour de Romandie
-8e au Tour du Pays Basque
5=) Alberto Contador (Tinkoff / Espagne) - 44 pts
-2e au Tour de l'Algarve
-4e au Tour de Catalogne
-7e au Tour du Pays Basque
-8e à Paris-Nice
5=) Sergio Henao (Sky / Colombie) - 44 pts
-1er au Tour Down Under
-10e au Tour du Pays Basque
7) Sergey Firsanov (Gazprom / Russie) - 42 pts
-1er à la Semaine internationale Coppi et Bartali
-2e au Tour du Trentin
-5e au Tour d'Andalousie
8=) Raul Alarcon (W52 - FC Porto / Espagne) - 40 pts
-1er au Tour des Asturies
-1er au Tour de Castille et Léon
8=) Cesare Benedetti (Bora / Italie) - 40 pts
-1er à Tirreno-Adriatico
8=) Diego Rosa (Astana / Italie) - 40 pts
-1er au Tour du Pays Basque
Le classement est, on le voit, un savant mélange de cadors de la montagne (Contador) et de baroudeurs à l'aise sur les terrains accidentés (De Gendt, Di Grégorio,...). Il a pour vertu de récompenser des coureurs au comportement offensif et de mettre à l'honneur une vision romantique du cyclisme.